Belle en eau troublante
Source : Sud-Ouest, 7 mars 2013
Belle en eau troublante
Source : Sud-Ouest, 7 mars 2013
[LEG_LEGENDE]Roxane Borgna a éclaboussé les spectateurs avec les mots d’Albert Cohen. (Photo Romain Cazade[])
Un peu plus de cinquante minutes dans sa baignoire à patauger, faire des bulles, éclabousser de mots, couler, sombrer, s’immerger, émerger. Cela s’appelle une performance. Performance, à travers ce long monologue, de l’incroyable Roxane Borgna, comédienne qui sert merveilleusement l’un des plus grands textes de la littérature du XXe siècle, « Belle du Seigneur », d’Albert Cohen.
La comédienne interprète avec brio les voix multiples de Cohen qui tient le spectateur en haleine avec ses mots, ses répliques, ses remarques, ses digressions, ses vagabondages, ses rires, ses drôleries, ses pleurs rentrés, ses sarcasmes, ses indécences... Nous sommes dans l’intimité d’une femme, et plus encore que ce l’on pourrait décemment dire. Nous sommes dans son corps, son esprit, son désir.
Dans la passion brûlante de cette Ariane Deume avec son amour charnel, morbide, pathologique pour Solal. La comédienne est seule sur scène, dans sa baignoire tapissée d’un drap blanc, comme celle de Marat poignardé, dans le célèbre tableau de David. Blanc comme une robe nuptiale ou blanc comme un linceul. Successivement, jusqu’au naufrage final, suggéré.